Voyages d'affaires: 2025, entre transparence, risques et nouvelles et frontières
Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
Quelles sont les dernières tendances notoires dans le travel ? Avis d'expert.
La question de la rémunération des agences et des « marges arrières » revient au premier plan avec l'inflation et la reprise des déplacements. Brigitte Jakubowski, CEO de JK Associates Consulting alerte sur « une opacité de pricing » renforcée depuis la crise, évoquant des mark-ups « dans tous les sens » sur l'aérien et l'hôtellerie. Son message tient en deux mots : transparence contractuelle. « Les TMC doivent se réinventer sur de la valeur ajoutée, insiste-t-elle, mais les entreprises doivent exiger la clarté sur l'ensemble des prix affichés avant émission des titres, évitant ainsi nombreux benchmark de la part des voyageurs et/Travel managers." En filigrane, la garantie pour l'acheteur passe par des accords qui détaillent frais de service, éventuels rétro-commissions et mécanismes d'audit.
Duty of care : responsabilité élargie, arbitrages plus complexes
La reprise s'accompagne d'un durcissement des obligations de protection des salariés. La norme ISO 31030 sert de cadre aux politiques de gestion du risque voyageur ; elle renforce les attentes en matière d'évaluation des risques, de suivi des déplacements et de réponse aux incidents. En France, des mises en garde s'appliquent aux pratiques « bleisure ». La responsabilité de l'entreprise peut se prolonger lorsque le billet retour est pris en charge, même si le collaborateur enchaîne sur des congés. Brigitte Jakubowski rappelle que « la question, qui a autorisé et acheté, n'est pas accessoire, elle conditionne la conformité et le suivi. »
L'Asie plus loin qu'avant, temps de vol et coûts en hausse
Pour de nombreux transporteurs européens, l'impossibilité de survoler la Russie allonge les trajets vers l'Asie, renchérit le carburant et pèse sur les plans de vol. Pour un acheteur, cela se traduit par des temps de parcours allongés, une ponctualité plus fragile et des tarifs sous pression. Les alertes de sécurité aérienne, les détours imposés par des zones de conflit ou des fermetures d'espace aérien au Moyen-Orient et en Asie centrale perturbent régulièrement les plans de transport. Ces aléas s'ajoutent aux tensions sur le prix du carburant et aux retards industriels, créant un « biais de risque » durable dans les programmes de déplacements. L'acheteur doit s'outiller sur les sujets de la surveillance géopolitique, de scénarios de repli, et inclure des clauses de flexibilité dans les contrats, et paramétrer des SBT pour appliquer des restrictions dynamiques de destination.
Inflation, le « new normal » d'un budget sous contrainte
Les dernières prévisions GBTA-CWT pointent une inflation plus lente mais persistante sur l'aérien, l'hôtellerie et la location auto, soit un environnement plus prévisible, et pas moins coûteux. Le pilotage ne peut plus reposer uniquement sur la renégociation ; il doit intégrer des leviers de demande et hiérarchiser les motifs de voyage, favoriser le rail sur des axes compétitifs, mutualiser réunions et déplacements, et automatiser le replafonnement par des outils de re-shopping. Gare, en parallèle au fait que les voyageurs d'affaires soient également tentés de faire leur marché eux-mêmes, comparant sans cesse les tarifs entre SBT, OTA et moteurs de recherche. « Ce réflexe de benchmark quotidien, souvent alimenté par le manque de confiance dans les tarifs négociés ou par l'opacité perçue des agences, se traduit par une perte de productivité considérable », alerte Brigitte Jakubowski.