Travel management, une inflation maîtrisée, mais une dépense globale qui atteint un record
Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
Avec 1 640 milliards de dollars prévus pour 2025, les voyages d'affaires franchissent un nouveau seuil. La hausse des tarifs ralentit mais reste alimentée par la reprise, la fiscalité écologique et la transformation des usages. Entre automatisation des parcours, arbitrages carbone et retour du présentiel, les Travel Managers naviguent à vue.
Les dépenses globales liées aux voyages d'affaires continuent de grimper aussi bien en volume qu'en coût par périple. Selon Engine, le total mondial atteint 1 640 milliards de dollars pour 2025 contre 1 480 milliards pour 2024 ce qui traduit une progression annuelle de l'ordre de 11 % selon une enquête produite par Engine. Les raisons ? L'inflation, les tensions sur les capacités aéroportuaires et hôtelières ainsi que la demande post-pandémie expliquent cette trajectoire ascendante. En moyenne les tarifs aériens aux États-Unis et au Canada passent de 668 USD en 2023 à 705 USD en 2025 tandis que les prix hôteliers progressent de 158 USD à 165 USD sur la même période. Par ailleurs les coûts des événements professionnels (réunions et séminaires) par participant augmentent, de 162 USD par jour en 2024 à 169 USD prévu en 2025. Néanmoins l'allure de cette inflation s'adoucit. Selon un rapport de CWT et GBTA les tarifs aériens, hôteliers et de transport terrestre se stabilisent grâce à une offre qui rattrape peu à peu la demande selon le site gbta.org. Par exemple les prix moyens journaliers pour les hôtels augmentent en EMEA de 1,3 % en 2024 à 1,9 % en 2025 tandis que les locations de voiture progressent modestement, de l'ordre de 1 à 3 % suivant les régions.
Technologie et IA : optimisation des achats et des parcours
La digitalisation du travel management s'accélère. Amadeus Cytric et Globetrender identifient l'arrivée de l'"Agentic IA", capable de gérer de façon autonome des tâches complexes pour proposer des voyages personnalisés. Plus globalement l'adoption d'outils d'IA tels que des chatbots, des recommandations en temps réel ou l'automatisation des notes de frais deviennent la norme en termes d'attentes des clients finaux et de l'expérience utilisateur. Ces nouveaux usages ont donc un impact métier. Les responsables des dépenses et Travel Managers évoluent vers des profils davantage orientés data analytics, négociation fournisseurs et indicateurs RSE. Ce faisant, les plateformes intégrées facilitent visibilité, prévisions, conformité et renforcement de l'expérience collaborateur.
Soutenir une stratégie durable sans sacrifier la performance
La durabilité conditionne désormais les politiques de voyage. En France les tarifs hôteliers devraient croître de 4 % en 2025 tandis que la fiscalité écologique s'alourdit avec un triplement de la taxe solidarité sur les billets d'avion. Les entreprises sont tenues de mesurer leurs émissions de Scope 3, adopter les carburants durables et promouvoir des pratiques de voyage essentielles, conscientes et responsables. Les déplacements d'un jour, en particulier en avion, restent marginalisés. Les entreprises privilégient les séjours mieux planifiés, plus productifs et plus vertueux. Face aux incertitudes économiques et environnementales, les Travel Managers adoptent une approche plus prudente et optimisée.
Incentive travel : luxe discret et retour du présentiel
Le tourisme en col blanc qui repose sur l'incentive des collaborateurs réapparaît avec faste. Des séjours haut de gamme à 4 000-25 000 USD par participant deviennent des leviers de performance et de motivation. Ces programmes boostent la productivité des ventes de 18 % et le retour sur investissement de 112 % selon le site Condé Nast Traveler. Malgré la conjoncture fragile, certaines entreprises rééquilibrent leur approche vers des expériences plus significatives et moins ostentatoires. En synthèse, l'année 2025 se dessine comme une étape charnière pour le travel management d'entreprise. Les coûts augmentent mais tendent à se stabiliser, la technologie et l'IA facilitent les optimisations, la durabilité s'impose comme une exigence stratégique et les voyages redeviennent des leviers de motivation ou d'efficacité. Plus que jamais le Travel Manager doit concilier contrôle budgétaire, satisfaction des voyageurs et responsabilité sociale.