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IFTM Top Resa 2025 : 3 questions à Laurence Gaborieau

Publié par Denica Tacheva le - mis à jour à

Du 16 au 18 septembre 2025, l'IFTM Top Resa réunit à Paris l'ensemble des acteurs du tourisme et du voyage d'affaires. Sa directrice, Laurence Gaborieau, revient sur les thématiques phares et les enjeux de cette nouvelle édition.

Quelle est la thématique phare de cette nouvelle édition ?

La thématique mise en avant cette année est " Force en action, construction des passerelles désirables ". L'objectif est de célébrer la collaboration et de stimuler l'intelligence collective pour mettre le secteur en mouvement et l'accompagner dans sa transformation. Avec ce choix, nous avons voulu être ambitieux : moins de discours, davantage d'action, et une volonté d'apprendre à mieux travailler ensemble.

Cette thématique s'articule autour de trois piliers. Le premier est l'innovation, qui dépasse largement la seule dimension technologique. Elle englobe aussi l'innovation sociale, les nouvelles façons de collaborer, d'échanger et de faire évoluer nos comportements. C'est un axe majeur, qui se reflétera dans de nombreuses conférences. Le deuxième pilier concerne les talents. Le secteur continue de faire face à des difficultés de recrutement : il faut à la fois fidéliser les collaborateurs en place et attirer de nouveaux profils. Le village de l'attractivité - nouveauté du salon - répondra directement à cet enjeu, et des échanges dédiés auront également lieu au sein du Club Affaires. Enfin, le troisième axe est celui des synergies. Nous voulons encourager les interactions intergénérationnelles et intersectorielles. Trop souvent, le secteur du tourisme fonctionne en vase clos. Notre ambition est d'aller chercher l'inspiration dans d'autres univers, pour adapter leurs réussites et relever plus efficacement nos propres défis.

Quels sont aujourd'hui les principaux défis pour les acteurs du voyage ?

Les enjeux restent proches de ceux identifiés l'an dernier, mais ils se doublent de nouvelles tendances. Le premier défi est celui de la RSE. Si les entreprises sont désormais soumises à des obligations en la matière, les contraintes économiques viennent parfois perturber la mise en oeuvre de leur feuille de route. La question centrale est donc : comment intégrer la RSE dans la stratégie de développement malgré les pressions financières ?

Les grands groupes, notamment cotés en Bourse, continuent à afficher des engagements forts, mais certains signaux mondiaux viennent brouiller les repères. Par exemple, lorsque les États-Unis annoncent des reculs en matière de RSE, cela interroge des dirigeants déjà confrontés à de lourds enjeux économiques. lls se demandent où placer le curseur en matière de RSE. Malgré ces incertitudes, le voyage durable demeure un impératif. La majorité des entreprises disposent désormais d'un plan d'action structuré, et l'absence de stratégie RSE représente un handicap pour attirer les jeunes générations, qui attendent de leur employeur des engagements clairs. Car la RSE demeure aussi un levier de recrutement.

Je peux citer l'exemple de ma propre société : depuis deux ans, comme beaucoup d'autres en France, nous devons privilégier le train à l'avion. Même pour aller dans le Sud, l'usage de l'avion doit être justifié. Concrètement, lorsqu'un membre de mon équipe se rend à Cannes pour un salon, il doit m'expliquer pourquoi il opterait pour l'avion plutôt que pour le train. Pour renforcer encore l'adoption du rail, nous proposons même des billets en première classe. Cela illustre à quel point la notoriété du tourisme durable s'impose, tant du côté des employeurs que des salariés. Il reste néanmoins un effort de pédagogie à mener, notamment autour du paradoxe avion-train selon les destinations.

Quelles sont les innovations mises en place cette année pour favoriser les échanges et la collaboration entre professionnels ?

Nous renforçons les ateliers d'intelligence collective, les fameuses "ruches", dans le village de l'attractivité. Elles seront animées par le collectif des mobilités, avec deux thématiques principales. La première porte sur la décarbonation à longue distance, et la deuxième sur la transition écologique des véhicules en entreprise : comment le pilotage des usages peut-il transformer et décarboner une organisation ?

Ce deuxième atelier illustre bien un changement de mentalités. Autrefois, lorsqu'on parlait de véhicules de fonction, on pensait uniquement à la voiture. Aujourd'hui, de plus en plus d'entreprises proposent aussi des vélos à leurs employés. Cela concerne surtout les grandes villes, mais pas seulement Paris : on retrouve cette tendance à Lyon, Bordeaux, Nantes, et même dans des villes de taille moyenne.

Depuis l'électrification, le vélo est devenu un véritable sujet de réflexion, tant du côté de l'employé que de l'employeur. Certains salariés en demandent même pour leurs déplacements professionnels, par exemple pour aller en rendez-vous, et pas uniquement pour les trajets domicile-travail.

Pour l'instant, ce n'est pas encore un mouvement de fond, mais une tendance qui s'installe et qui pourrait devenir majeure demain. Elle pose toutefois des défis en matière d'infrastructures. Il faut penser aux bornes de recharge pour les voitures hybrides et électriques, mais aussi aux vélos. Je peux citer mon propre exemple : je possède une voiture hybride que je ne peux pas recharger facilement au bureau. Quant aux vélos électriques, il faut imaginer des solutions pour permettre aux salariés de charger leurs batteries sur leur lieu de travail. C'est le début d'un nouveau modèle, mais tout porte à croire que cette transformation va se renforcer dans les prochaines années.