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Les nouvelles pratiques dangereuses des éditeurs de logiciels

Publié par Olivier Wajnsztok le - mis à jour à

Le marché des logiciels ne cesse d'évoluer afin de proposer aux entreprises des solutions répondant à leur besoins (dont règlementaires), permettant en théorie des gains de productivité et/ou apportant de l'innovation. Mais les évolutions du marché lorsqu'elles se concrétisent par des fusions acquisitions entre acteurs ont soit conforté certains éditeurs dans leurs pratiques parfois critiquables, soit ont été à l'origine de nouvelles pratiques.


Certains éditeurs ont revu leur modèle contractuel, restreignant le droit d'utilisation des clients en interdisant l'utilisation des logiciels sur une infrastructure qui n'est pas totalement dédiée au client, empêchant toute stratégie de migration vers un cloud mutualisé, par exemple. Il peut s'agir dans le contrat de faire référence au site web de l'éditeur sur lequel se trouvent des documents autres que ceux qui sont annexés. La signature du contrat équivaut à une acceptation tacite de ces documents par le client. Certains sont susceptibles de modifier les droits d'utilisation. Les logiciels ne peuvent plus qu'être utilisés que sur l'infrastructure cloud de l'éditeur ou sur celui d'un de ses partenaires, ou bien préciser qu'une majoration des coûts sera appliquée si le client utilise une infrastructure autre que celle indiquée dans les documents du site web.

La complexité des modèles d'affaires et fonctionnalités à géométrie variable

Certains éditeurs revoient leur mode de licensing. Des licences acquises en mode perpétuel auprès d'éditeurs et qui parfois sont toujours en cours d'amortissement, basculant en mode souscription pluri annuelle (en mode SaaS ou non) obligeant les clients à payer à nouveau des droits d'utilisation ; logiciels gratuits qui deviennent payants ; arrêt du support de maintenance.

Certains éditeurs revoient le contenu de leurs logiciels en en modifiant la couverture fonctionnelle. Des fonctionnalités initialement proposées dans le logiciel se retrouvent alors disponibles dans un nouveau module a minima. Afin de pouvoir conserver la couverture fonctionnelle dont il bénéficiait, le client se retrouve alors obligé de faire l'acquisition du (ou des) module(s) complémentaire(s).

Afin de réduire leurs coûts de développement et de maintenance, certains éditeurs n'hésitent pas à intégrer tout ou partie de logiciels Open source dans leur solution logicielle. Non seulement le client ne bénéficie pas des réductions induites dans les redevances qu'il doit à l'éditeur, mais il peut s'exposer au risque lié aux « licences contaminantes ».

Nous pouvons ajouter à cela que certains de ces éditeurs communiquent tardivement sur ces changements. Les clients n'ont alors peu ou pas de temps pour envisager la mise en place d'une solution alternative. Les clients se retrouvent au pied du mur.

Quelques conseils pour se défendre

Il faut dans la mesure du possible sécuriser en amont les conditions d'utilisation des logiciels en s'assurant bien que les éditeurs ne pourront procéder à des modifications contractuelles unilatérales. Tout document lié au périmètre d'utilisation doit être a minima annexé au contrat, et aucune référence au site web de l'éditeur ne doit figurer. Le périmètre d'utilisation du logiciel doit couvrir tout cas de figure quant à l'hébergement qu'il soit interne, externe (cloud inclus) et sans frais supplémentaires. Il faut annexer au contrat non seulement le nom du logiciel ou module(s) mais également les fonctionnalités et leurs descriptions.

Malheureusement, travailler avec des éditeurs de Logiciels est une lutte sans fin. L'acheteur est vraiment un rempart indispensable à son entreprise.

Pour aller plus loin : Olivier Wajnsztok est directeur associé chez AgileBuyer, société de conseil spécialisée en achat opérationnel. Il est également président de l'association des anciens du MAI (Master achats internationaux) de Kedge Business School.