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UniHA et EIT Health testent l'achat hospitalier fondé sur les résultats patients

Publié par La rédaction le - mis à jour à

Avec le projet VBP.O, un consortium européen coordonné par UniHA explore un modèle alternatif d'achat hospitalier en chirurgie de la hanche et du genou, centré sur la valeur créée pour le patient.

L'achat hospitalier pourrait-il évoluer vers un modèle fondé sur les résultats auprès du patient ? C'est le pari que fait UniHA en lançant le projet VBP.O, pour Value-Based Procurement Orthopedics. Sélectionné par EIT Health dans le cadre d'un appel à projets européen, ce programme bénéficie d'un financement de plus d'un million d'euros, dont plus de 200 000 euros fléchés vers des établissements français.

L'Objectif ? Expérimenter un modèle d'achat et de remboursement adossé à la valeur médicale réelle générée pour les patients, dans le cas de deux interventions orthopédiques majeures - les arthroplasties totales de hanche et de genou - représentant à elles seules un coût annuel de 2,5 milliards d'euros en France.

Un consortium transfrontalier pour bâtir le modèle

Piloté par UniHA, le projet fédère plusieurs acteurs européens, parmi lesquels les CHU de Lille et de Toulouse, le CNP-COT et son registre national des implants, le RENACOT, la plateforme de suivi patient Orthense développée par Digikare, ainsi que des partenaires hospitaliers au Danemark et en Espagne. Ensemble, ils s'attèlent à définir une méthodologie partagée pour mesurer de manière standardisée l'efficacité des interventions, en intégrant les indicateurs cliniques, les résultats déclarés par les patients (PROMs) et leur vécu post-opératoire (PREMs).

En d'autres termes, tout l'enjeu est de pouvoir évaluer objectivement la performance d'une prothèse ou d'une technique chirurgicale à partir de données en vie réelle, et non uniquement sur la base d'un coût unitaire ou d'une innovation technologique.

Réduire les actes non pertinents, améliorer les soins et contenir les coûts

Selon l'OCDE, une chirurgie orthopédique sur cinq pourrait être jugée non pertinente. À cette inefficacité s'ajoute un niveau de satisfaction perfectible : environ 20 % des patients ne seraient pas pleinement satisfaits des résultats. Le modèle actuel, reposant sur la tarification à l'acte (T2A), ne prend pas en compte cette dimension. Le projet VBP.O veut y remédier en introduisant des incitations économiques alignées sur les résultats mesurés.

À terme, l'ambition est d'identifier des gains de productivité de l'ordre de 8 à 20 % sur les dépenses liées à ces deux chirurgies, tout en améliorant la récupération fonctionnelle. Le projet prévoit de suivre quelque 5 000 patients sur plusieurs sites européens via une plateforme digitale interopérable, conçue pour garantir une forte adhésion des utilisateurs.

Premiers résultats attendus d'ici fin 2025

La publication des premiers résultats est prévue d'ici la fin de l'année. Ils seront partagés avec l'ensemble des parties prenantes du système de santé, y compris les industriels, les associations de patients et les organismes financeurs comme la Cnam en France.

Avec ce projet, UniHA entend démontrer que l'achat public hospitalier peut devenir un levier stratégique de transformation des pratiques médicales. Une évolution qui, si elle fait ses preuves, pourrait préfigurer un nouveau référentiel pour les marchés fondés sur la valeur dans d'autres domaines thérapeutiques.