Les réponses du Resah pour les achats d'innovation
Publié par Denica Tacheva le | Mis à jour le
Innovation, pression budgétaire, contraintes réglementaires... Les achats hospitaliers se complexifient. Certaines solutions ouvrent pourtant la voie à un double gain comme le montre le webinaire du Resah, organisé ce jeudi 11 septembre. Réalité virtuelle, mobilité médicale et robotique de rééducation sont en ligne de mire pour améliorer l'expérience patient et renforcer l'efficacité économique des établissements médico-sociaux.
Réalité virtuelle, dispositifs immersifs, robotique de rééducation ou encore... toutes ces solutions connectées semblent s'inviter dans le quotidien des patients mais posent néanmoins une question centrale aux acheteurs hospitaliers. Comment intégrer ces solutions au meilleur coût tout en garantissant leur efficacité et leur pérennité ? C'est à cette question que le Resah tente d'apporter des réponses, à l'occasion d'un wébinaire qui s'est tenu le 10 septembre.
La réalité virtuelle au service du soin et du confort
En ouverture de la conférence, Élodie Querat, correspondante de la filière " Environnement du patient ", a rappelé le rôle moteur du Resah dans l'intégration de nouvelles solutions. La filière couvre des marchés aussi variés que le mobilier médical, les dispositifs connectés ou encore les solutions immersives. C'est dans ce cadre que sont étudiées les offres de réalité virtuelle appliquées à la santé.
En effet, ces dispositifs trouvent déjà des applications concrètes dans la gestion de la douleur, l'accompagnement de la rééducation ou encore la réduction de l'anxiété lors des soins. La force de ces outils réside dans leur capacité à améliorer l'expérience patient sans mobiliser de ressources supplémentaires en personnel. Alors, la question de l'acheteur se déplace du simple prix catalogue vers des critères plus subtils telles que l'efficacité clinique, adhésion des patients et pérennité des fournisseurs. Or, un marché hospitalier ne peut pas reposer sur des startups qui ne sont pas encore consolidées dans leur modèle. La stabilité industrielle est une garantie aussi importante que l'innovation elle-même.
L' exemple d'unités mobiles pour retisser le lien avec les territoires
L'innovation peut aussi répondre à un enjeu d'accessibilité selon Sylvain Guesnery de Mobile France. Ses équipes conçoivent des unités mobiles capables d'apporter des services médicaux là où les structures fixes manquent. Et l'objectif est de " déployer des unités mobiles adaptées aux besoins spécifiques des territoires ".
Concrètement, les dispositifs se présentent sous la forme de camions équipés pour le diagnostic ou la rééducation, configurés selon les spécialités médicales requises localement. Le modèle économique n'est pas neutre. Outre l'investissement initial, il faut anticiper les coûts de fonctionnement, l'entretien des équipements et la logistique d'acheminement. Mais la contrepartie est forte et se traduit par une continuité des soins dans des zones où les patients doivent parfois parcourir des dizaines de kilomètres pour consulter. Pour les acheteurs hospitaliers, cela s'avère un arbitrage entre dépenses immédiates et bénéfice social mesurable.
Rééducation assistée et robotique, un levier d'efficacité clinique
L'innovation touche aussi le coeur de la rééducation. Laurent Dupont, représentant de LPG Systèmes, a détaillé l'apport des technologies robotiques et de la mécano-stimulation. Ces dispositifs accélèrent la récupération fonctionnelle et permettent des séances plus ciblées. Ils répondent à un besoin croissant lié au vieillissement et à l'augmentation des pathologies chroniques.
L'intégration de ces équipements dans les établissements soulève cependant un dilemme budgétaire. Leur coût est élevé et impose des arbitrages financiers serrés. La valeur ajoutée est indéniable, mais elle doit être démontrée par des données probantes et une utilisation maximale des dispositifs. Dans un environnement où chaque euro dépensé doit être justifié, les acheteurs cherchent donc à mesurer le retour sur investissement autant en gains cliniques qu'en attractivité des structures.
L'équation de la trésorerie repose sur le financement de la robotique
Lors de ce wébinaire, Catherine Legrand, fondatrice du groupe Élite Médicale, a évoqué la complexité du financement. Sa société distribue depuis 1996 des dispositifs médicaux de réadaptation et collabore aujourd'hui avec trois constructeurs majeurs : Tyromotion, Artec et Ekso Bionics. Elle rappelle que l'offre élaborée avec le Resah répond d'abord aux obligations légales d'équipement des services de médecine physique et de réadaptation (SMR). Les dispositifs robotiques de plateau technique spécialisé (PTS) sont ainsi financés à 100 % par les Agences régionales de santé. " Ça veut dire qu'il n'y a pas de réel investissement des établissements ", explique la fondatrice du groupe.
En pratique, le financement est annuel et nécessite d'avancer la trésorerie. Pour un robot de 120 000 euros, l'établissement doit débourser la somme avant de récupérer les 25 000 euros annuels pris en charge par l'ARS. " Cette démarche est lourde, elle bloque souvent l'achat ", constate Catherine Legrand. La solution réside dans la location financière. L'effort de trésorerie se limite alors à 25 000 euros, remboursés dès le premier versement de l'ARS, ce qui réduit considérablement le risque pour l'établissement.
Au-delà des chiffres, Élite Médicale accompagne les hôpitaux dans la formation, la maintenance et même l'agencement des plateaux techniques. L'objectif est de lever les freins à l'utilisation, qu'il s'agisse du manque de place, de la complexité des dispositifs ou de la résistance au changement. " On oublie souvent de regarder combien ça rapporte, pas seulement combien ça coûte ", insiste-t-elle, rappelant que ces équipements peuvent améliorer la qualité des soins et renforcer l'attractivité des structures.